OpPicStorm : Anonymous Tunisia se met enfin au LULZ

Jusqu’ici habitué aux opérations dépassant allègrement le cadre de la légalité, la dernière idée de la branche la plus bruyante d’Anonymous en Tunisie utilise la liberté d’expression et l’humour pour dénoncer un problème grave et bien connu des Tunisiens : la censure.

OpPicStorm propose de « submerger les réseaux sociaux d’image détournées du pouvoir en signe de protestation contre le retour de la censure », et indique à ceux qui souhaiteraient participer aux festivités la marche à suivre pour produire, en masse, des images humoristiques dénonçant avec force le retour de la censure.

Leïla Trabelsi n’a pas fini de faire parler d’elle

Plus encore que Ben Ali, sa femme Leila Trabelsi incarne la dérive mafieuse du régime qui fit de la Tunisie l’un des pays les plus avancés du monde en matière de surveillance de masse, et accessoirement, de censure des réseaux. C’est pourtant la censure annoncée de son livre qui a mis le feu aux poudres de l’OpPicstorm. A ceci près qu’il ne s’agit que d’une censure ‘irl’ dans les librairies qui sera très aisément contournée et que le problème actuel n’est pas tant la censure que la surveillance.

Une confusion que l’on retrouve dans le ‘demotivational poster’ ci dessus, mettant en scène le leader d’Ennhadha accolé à Amesys, une société spécialisée dans la surveillance et dont les outils ne sont pas du tout conçu pour effectuer la moindre censure.

Car censure et surveillance sont deux choses bien distinctes, qu’il convient de ne pas confondre. Si le contournement de la censure était sous Ben Ali relativement aisé, tout du moins à la porté de quiconque maitrisant un tant soit peu les technologies, échapper à la surveillance demande des compétences techniques et des moyens plus sophistiqués.

Ennahdha, le seul parti 2.0 en Tunisie

Ennhadha, actuellement au pouvoir depuis sa victoire aux dernières élections ne s’y est pas trompé. Parmis les tous premiers dispositifs dont s’est équipé le parti de Rached Ghannouchi afin de préparer les élections, la mise en place d’un réseau fibre optique ultra sécurisé reliant ses principaux sièges, montre bien à quel point le parti islamiste comprennait déjà, bien avant les autres, les dangers que représentaient les systèmes de surveillance mis en place dans le pays. La parti n’a depuis pas cessé de démontrer depuis à quel point il maitrisait mieux l’outil internet que ses concurrents.

L’annonce de la restrucuration de l’ATI, l’absence d’audit, d’inventaire, de transparence et de démantellement des installations de surveillance sur les infrastructures Tunisiennes n’ont rien fait pour apaiser les craintes, et si ceux qui confondent censure et surveillance ont pu être rassurés par l’arrêt de la censure au lendemain du célèbre discours de Ben Ali – la veille de sa fuite du pays – les experts, eux, restent sur leurs gardes.

Contraitement à de très nombreuses dictatures ayant mis en place avant le printemps arabe des technologies de censure et de surveillance, la Tunisie avait à sa tête un passionné de technologie, pionnier de l’internet en Afrique, dont le pays est à ce jour le plus connecté du continent. La Tunisie était, à ce titre, le banc d’essai idéal pour tous les marchands d’armes numériques à la recherche d’un terrain d’expérimentation destiné à tester, grandeur nature, les inventions diaboliques issues de leurs laboratoires R&D. Tout comme son voisin Libyen, il est plus que probable que la plupart des marchands d’armes numérique de la planete aient, à un moment ou a un autre, installé et expérimenté leurs technologies sur le territoire Tunisien, et de très nombreuses sociétés ont depuis été prise la main dans le sac.

Mais dans ce domaine comme dans d’autres, il reste encore beaucoup de chemin à faire pour ce qui est de la transparence, et si la censure fait parfois un timide mais bruyant retour, la surveillance de la population et l’usage qui est fait des installations hérités de l’ère Ben Ali reste, elle, un mystère. Une chose est certaine : la Tunisie dispose en la matière d’un arsenal de pointe. Reste à voir s’il est en cours de démantellement, réservé à des investigations criminelles légales et encadrées par la justice, ou toujours en service pour la surveillance des opposants politiques, comme du temps de Zaba.

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Une Réponse à “OpPicStorm : Anonymous Tunisia se met enfin au LULZ”

  1. Répondre
    Eurydice
    26 mai 2012 à 17:29 #

    Hello
    Vous etes cordialement invité à notre grand brainstorming l’Anon Hard Party!!!!!
    http://bayfiles.com/file/aUDz/z83ZBW/anonhardparty.png.zip
    Cordialement,
    Eurydice pour Anonymous Tunisia

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